Le cordage

Pour corder un clavecin, il faut des cordes et des chevilles.

Parlons d'abord des chevilles !

Les chevilles fournies par TPW sont les mêmes que pour mon "Hemsch"; elles ont un défaut à mon sens : la partie conique du bout est de seulement de 3 mm, ce qui fait que le positionnement de la cheville dans l'axe du trou est quelque peu délicat.

Or, on connait en mécanique les propriétés d'autocentrage des cônes. J'ai donc cherché, et trouvé chez Vogel, des chevilles de même diamètre et de même hauteur, mais disposant d'un bout conique de 13 mm au lieu de 3 mm.

A gauche, le cône est de 13 mm - à droite, seulement de 3mm.

La différence est extrêmement sensible : avec la cheville de gauche, la cheville entre facilement et dans l'axe dans le trou, et le serrage à la main est progressif. C'est ce genre de chevilles, mais non percées, que j'avais mis sur mon virginal italien.

Tant qu'à faire, j'ai pris des chevilles "anodisées", pour voir.

Ensuite des cordes.

Elles sont toutes en laiton, variant de 0.018 à 0.008 pouce. Le plan de cordage est le suivant :

Ce plan est prévu pour A=440 Hz; les valeurs en rouge indiquent les changements que j'ai opéré a priori nécessaires pour A=415 Hz.

Les bobines de cordes des différents diamètres.

Je n'ai pas la composition exacte du laiton; à première vue, ce doit être du 70% Cu - 30% Zn, soit une densité de 8,39.

Pour corder je commence par les aigus; ce sont les cordes les plus délicates, car le fil est cassant et en mettant la cheville il faut faire attention à ne pas trop tendre la corde, sinon .....bing ! Les pointes du sillet seront mises plus tard.

D'abord, il faut confectionner une bouclette qui viendra dans la pointe d'accorche.

Après avoir déroulé précautionneusement de la bobine, spire après spire, la longueur nécessaire, plus 2 mètres pour les plus courtes, pour éviter de trop "tordre" la corde, je prends son extrémité dans la main gauche avec une pince à bouts effilés, et dans la main droite un crochet monté sur un petit manche en bois. L'autre extrémité de la corde est fixée à l'établi avec un serre-joints.

En s'assurant que le crochet est bien dans la bissectrice de l'angle, on tourne le crochet entre le pouce et l'index de la main droite, en égalisant les tensions entre les deux brins. Le "truc", c'est d'enrouler des spires d'une façon égale sur les deux brins, sans trop tendre la corde pour avoir une hélice au pas large. Si le pas est trop serré, notamment pour les diamètres faibles, le transfert de tension de la corde sur les spires opère un cisaillement qui fera casser la bouclette !

Le crochet est dans la bissectrice de l'angle (un peu moins de 90°).

Puis, après avoir laissé dérouler la corde en sens inverse, je reprends le bout de la corde avec la pince, et là, en tendant un peu plus la corde, je fais deux tours et demi à 90° pour arrêter la corde sur elle-même. Le bout qui reste est vite enlevé en le tortillant sur lui-même !

Arrêt de la bouclette

La corde est coupée à la pince entre +35 cm (aigus) et +20 cm (basses) du trou de la cheville.

Au départ, sur la cheville, je fais un certain nombre de spires jointives (quinze dans les aigus, dix dans le medium, 6 à 8 dans les graves), serrées sur le bout de corde enfilé par le trou de la cheville, pour bien serrer ce bout. Puis, après avoir relevé, et enlevé le reste de ce bout, le pas des spires est légèrement augmenté de telle façon que le départ de la corde se trouve, une fois la cheville enfoncée, environ 6mm au dessus du sommier (pour le medium et les basses : 7 à 9 mm) pour avoir un angle à peu près constant de la cheville au sillet, sachant que le sillet est plus proche des chevilles dans les basses, et que la hauteur du sillet est de 12 mm.

Il faut faire aussi attention à ce que la corde ne passe pas au-dessus d'elle-même !

Chevilles dans les aigus

Le cordage est terminé au 1er mai 2007.

Relevé des longueurs (en mm) de cordes entre pointes de chevalet et pointes de sillet, après pointage du sillet :

© JP Baconnet - Villecresnes - 2007